La Promenade Des Glaciers


La promenade des Glaciers : 30 Juillet - 5 Aout


En 1931, le gouvernement Canadien confia à des centaines de chômeurs la tâche de construire le « sentier des merveilles » au cœur des Rocheuses Canadiennes.
Les hommes gagnaient un salaire de 20 cents par jour et étaient équipés de pics, de pelles, de chevaux et de petits tracteurs. Ils bâtirent une chaussée de graviers à une voie reliant Lake Louise à Jasper.
Grâce au boom du tourisme dans les années 50 et 60, la route fut élargie et asphaltée, et le tracé fut modifié pour mettre en valeur la splendeur des paysages. Elle prit le nom de « promenade des glaciers ».
La promenade des glaciers porte bien son nom puisque l’on peut y apercevoir sept champs de glace (d’immenses glaciers formés dans les hauts sommets) et quelques 25 autres glaciers plus petits. Le plus imposant champ de glace des Rocheuses est le champ de glace Columbia, avec une superficie de plus de 320km². Elle offre également un spectacle inoubliable d’amples vallées, de chutes, de lacs et de sommets majestueux.


Samedi 30 Juillet :

Notre journée commence par l’ascension du sommet Bow à 2067m.


Ce col est en quelque sorte un point triple de partage des eaux. Au Nord les rivières coulent vers l’Arctique, au sud ouest vers le Pacifique, et au sud est vers l’Atlantique (à plus de 5000km de là).
Ce col offre aussi un magnifique point de vue sur le lac Peyto, dont la couleur turquoise n’est pas sans rappeler le lac de Ste Croix dans le Verdon. Sa couleur est due aux eaux de fonte du glacier qui porte le même nom. C’est sans conteste l’un des plus beaux lacs que nous ayons vu depuis notre arrivée au Canada.

La route descend ensuite dans la vallée et nous mène au lac Waterfowl, puis au canyon de la Mistaya. Là, nous posons le vélo et empruntons un petit chemin à pied, qui nous mène au canyon.
Nous trouvons en cours de route des champignons dans les arbres… Pourtant nous ne sommes pas sous les effets d’une quelconque substance hallucinogène, il s’agit en fait de l’œuvre d’un petit écureuil, que nous avons la chance d’observer un long moment…

Le Canyon est impressionnant. La Mistaya s’est creusé dans le calcaire formant ainsi une gorge très étroite et profonde, avec un important débit. Il y a donc beaucoup de bruit et « d’embruns ».

Nous remontons jusqu’au vélo et traversons enfin la vallée de Saskatchewan dont les méandres de la rivière sont évocateurs du volume d’eau disponible ici. Cette rivière était d’ailleurs une importante route est-ouest pour les commerçants de fourrures.

Le soir, alors que nous arrivons au camping, qui affiche une nouvelle fois complet, nous sommes invités par un couple d’Américains de l’Arizona. Ils sont à la retraite et partent en vacances 4 mois tous les étés avec leur camping-car. Nous partageons autour du feu quelques marshmallows au barbecue, dans un sandwich de biscuits avec du chocolat, pas mal du tout !

Dimanche 31 Juillet:

C’est une journée riche en rebondissement qui nous attend aujourd’hui!
Alors que nous préparons nos affaires pour partir, nous réalisons que la roue de la remorque est à plat et qu’un rayon s’est cassé. Problème : nous n’avons plus de rustines pour réparer, et notre chambre à air de rechange avait en fait 5 crevaisons, on en avait vu et réparé que 3. Nous avions cherché des rustines à Calgary mais il y avait seulement des rustines de VTT ou des rustines autocollantes (pas super pour le tandem). Et nous sommes à 150km de la moindre ville. Nous faisons donc le tour du camping à la recherche de cyclistes pour nous dépanner, sans succès !
Nous nous rendons à l’emplacement des « hôtes du Parc National », sur les conseils d’un campeur. Le Parc National propose à des familles de venir camper gratuitement durant deux semaines dans un des campings éloignés de toute agglomération. En échange, la famille se charge de répondre aux questions des campeurs et prévient le Parc National en cas de problème (intrusion d’ours ou autres).
Ils nous disent qu’une famille de cyclistes vient de quitter le camping, et qu’on peut peut-être les rattraper, mais sans succès. Après une vingtaine de kilomètres parcourus dans la voiture de la famille, nous trouvons enfin une rustine, et une seule, mais c’est suffisant pour repartir.
Aujourd’hui, le temps est changeant, il pleut et le ciel est gris, une heure après il fait soleil, puis il repleut. On a rarement vu un ciel changer autant et si rapidement !
Nous avons un col à 2060m avec environ 35km pour arriver au sommet, ça va être long, surtout que nous sommes partis tard. Alors que nous sommes concentrés sur notre effort, nous voyons une tache brune au dessus de la route, le long des sapins. Nous nous arrêtons, c’est peut-être un cerf. Mais surprise, c’est un ours (nous apprendrons plus tard que c’est un ours noir)!!! Cela fait plusieurs jours que nous scrutons sans relâche les clairières et les forêts en espérant en surprendre un, c’est notre jour de chance !!
Nous l’observons longer la lisière des arbres à la recherche de nourriture, il gratte avec sa patte, soulève les cailloux, mange racines et fleurs. Nous restons bien à l’abri derrière le vélo et il ne fait pas attention à nous. Malheureusement après quelques minutes, notre arrêt a attiré la curiosité des voitures et une première voiture s’arrête, puis deux, puis dix…

Malgré les nombreuses recommandations des agents du Parc, les gens parlent fort, crient et s’approchent, jusqu’à rendre l’ours nerveux. Il part finalement en courant…. Des gens meurent chaque année de cette façon, attaqué ou chargé par un ours.
Nous attendons que les voitures partent et restons un peu en espérant qu’il revienne, et notre stratégie fonctionne, nous le retrouvons un peu plus loin et cette fois. Nous nous assurons de ne pas nous faire repérer par d’autres voitures. Nous restons près d’une demi-heure à l’observer ainsi, avec quelques moments d’angoisse, lorsque nous nous trouvons vraiment proche et qu’il nous regarde l’air menaçant. Il nous fait sentir que notre présence ne l’enchante guère, mais retourne bien vite à sa recherche de nourriture et nous nous faisons aussi discrets que possible. Il faut dire qu’il se déplace assez vite parfois contrairement à nous qui restons derrière le tandem pour être protégés.
Après l’avoir vu escalader la falaise et créer un petit éboulis, nous repartons en direction du col. Mais à une dizaine de kilomètres, mauvaise surprise, le porte-bagage avant s’est cassé… et il pleut… Nous n’avons pas de quoi réparer…
Par chance, quelques minutes plus tard, deux cyclovoyageurs arrivent à notre hauteur. En combinant leurs colliers de serrage, leur scotch Américain et nos outils, nous faisons une réparation en espérant tenir jusqu’à Jasper, la prochaine ville.
Nous repartons, et la réparation semble tenir.

Nous nous arrêtons finalement au pied du champ de glace Columbia, un peu mouillés et affamés, pour passer la nuit. Nous faisons la rencontre deux Canadiens de Winnipeg qui nous invitent à nous réchauffer près de leur feu.

Lundi 1er Aout :

C’est un réveil frisquet que nous a préparé le glacier, mais tout s’arrange avec l’apparition du soleil. Hier soir, nous avons aussi rencontré un couple de français désireux d’atteindre le sommet de l’Athabasca, juste à côté du glacier Columbia, un sommet très connu des alpinistes. Malheureusement suite à la pluie de cette nuit et en dépit de leur départ à 1h30 du matin, nous les voyons rentrer bredouille à notre réveil. Le brouillard était trop présent et ils ne trouvaient plus leur chemin. Ils nous ont malgré tout fait rêver et nous gardons cette histoire d’alpinisme dans un coin de notre tête.
Aujourd’hui nous devons rattraper le temps perdu, et ce n’est pas une tête de rayon à changer qui va perturber nos plans.

Première attraction de la journée, le glacier d’Athabasca : c’est impressionnant ! Et dire que ce n’est qu’un tout petit glacier qui descend du champ de glace Columbia. Nous regrettons à ce moment précis de ne pas faire le tour du monde en montgolfière pour voir ça du ciel, mais bon . . . Le champ de glace Columbia s’étire entre la Colombie-Britannique et l’Alberta. C’est la plus vaste calotte glaciaire du continent. De son flanc est s’écoule donc le glacier Athabasca, mais aussi 4 autres glaciers de taille importante et de nombreux plus petits !

Nous avons aussi deux autres points forts sur notre route aujourd’hui : les chutes de Sunwapta et celles d’Athabasca. Les chutes de Sunwapta dévalent une falaise avant de pénétrer dans un profond canyon de calcaire. La couleur est toujours aussi belle mais surtout le débit est toujours plus impressionnant. Puis peu après la Sunwapta se jette dans la rivière Athabasca dont le lit va jusqu’à Jasper. Les eaux limoneuses de l’Athabasca s’engouffrent elles aussi dans un canyon spectaculaire aux parois lisses, accompagnées de quelques marmites de géants (sortes de trous énormes dans les parois). Vous n’aurez pas la chance de les voir car les derniers volts de la batterie de notre appareil photo se sont envolés pour le glacier…
Nous arrivons finalement à Jasper au terme de 105km, bien lessivés et content de pouvoir trouver une douche (la dernière était à Lake Louise il y a 8 jours). Une dernière surprise impossible ailleurs nous attend à notre emplacement : il est occupé . . . par un Wapiti.

Mardi 2 Aout :

Aujourd’hui nous restons sur Jasper où nous trouvons un soudeur pour renforcer la remorque et réparer le porte bagage. Nous achetons des rustines, une chambre à air pour la remorque, nous lavons du linge, nous faisons les courses, et nous allons un peu sur internet.
En rentrant nous retrouvons notre ami de la veille : le wapiti, mais cette fois l’appareil photo est rechargé.

Puis nous verons aussi le male dans les parages:

Nous avons rencontré Adrien, un backpacker Français. Nous partageons donc notre emplacement avec lui. Il est en doctorat, et profite d’une conférence à Vancouver pour visiter le Canada et faire de la randonnée. Il est très sympa et nous partageons un agréable barbecue.
Pour ceux que ça intéresse, savez-vous que l’on peut mesurer la salinité de l’eau et des sols par satellite ? Et savez-vous que la salinité des océans sert aux modèles utilisés pour la météo ? C’est son sujet de thèse et ça à l’air très intéressant.

Mercredi 3 Aout :

Nous profitons d’être à Jasper et d’être avec un randonneur pour partir à l’ascension d’un des sommets qui entourent cette ville. Nous choisissons le Mont Whistlers (2470m), qui doit son nom au sifflement strident des marmottes, nombreuses sur ses flancs.

L’ascension est assez difficile pour nos jambes de cyclistes. Le sentier est assez raide, et les moustiques ne nous laissent pas en paix. A bout de 5h d’efforts, nous arrivons au sommet et la récompense est là : nous avons un panorama magnifique sur Jasper, la Vallée de l’Athabasca parsemées de lacs, et la chaine de montagne Victoria Cross.

Le temps est couvert et il se met à pleuvoir. Mais le terminus du téléphérique n’est pas très loin et nous allons nous mettre à l’abri. Nous observons un arc-en-ciel immense en buvant un bon chocolat chaud et en attendant que la pluie cesse.

Après une longue hésitation à savoir si nous redescendons ou non en téléphérique, nous suivons finalement Adrien et redescendons à pied.
Nous arrivons au camping épuisés, juste à temps pour manger avec les derniers rayons de soleil et ne tardons pas à aller au lit.
Devinez qui nous attend ?

Jeudi 4 Aout :

C’est la journée des cyclovoyageurs ! Deux autres cyclistes Français, dont un installé au Canada viennent discuter avec nous ce matin, et les quelques tentes qui nous entourent sont également des tentes de cyclistes.
C’est donc vers midi que nous partons pour parcourir les 110km de notre étape dans la Vallée de la Maligne, avec au programme le canyon Maligne, le lac Medicine et le lac Maligne.
Nous avons mal aux jambes avant de partir à cause de la randonnée d’hier. La journée va être dure, surtout que nous avons 600m de dénivelé positif jusqu’au lac Maligne. Mais le soleil est radieux et la journée est parfaite pour cette petite ascension.
A peine avons-nous parcouru une vingtaine de kilomètres qu’un combi nous fait signe : il y a un coyote (une sorte de loup) à une cinquantaine de mètre de la route, dans une prairie sur notre droite. Nous avons tout juste le temps de l’observer quelques secondes avant de le voir s’éloigner à toute vitesse.
Nous reprenons notre route en direction du canyon Maligne, à quelques kilomètres de là. C’est la gorge la plus spectaculaire des Rocheuses, creusée dans de la roche calcaire. Nous posons notre vélo pour faire la balade au-dessus du canyon. Plusieurs ponts permettent de voir les cascades qui jalonnent la rivière, ainsi que les marmites de géants creusées dans la roche par les tourbillons. Le canyon atteint jusqu’à 50m de profondeur pour une largeur de moins de 3m par endroit.

Une employée du Parc, qui répond aux questions sur les ours, nous confirme que l’ours sur nos photos est bien un ours noir, mais brun !
Nous repartons et décidons de monter d’une traite au Lac Maligne, situé à une quarantaine de kilomètres de là et à 1670m d’altitude. Nous nous arrêterons au Lac Medicine en redescendant. A mi-parcours, nous tombons nez à nez avec un coyote, il est a quelques mètres de nous seulement, et semble aussi surpris que nous ! Après quelques secondes immobile, il s’enfuit apeuré en quelques bonds. Par chance, les animaux sauvages ont plutôt tendance à fuir !
Les derniers kilomètres d’ascension sont difficiles et nos jambes douloureuses, mais c’est un orignal qui vient nous distraire cette fois-ci ! C’est la première fois que nous en voyons un. Ca ressemble à un Wapiti mais c’est plus grand, avec un long et gros museau.
Nous arrivons au lac glaciaire Maligne, le plus grand plan d’eau des Rocheuses, d’une beauté légendaire !

Après un petit casse-croute, histoire de reprendre des forces, nous redescendons jusqu’au Lac Medicine, et croisons plusieurs cerfs, dont une maman et son petit. Ce lac, entouré par la chaine Maligne au Sud et par la crête en dents de scie Colin au Nord est des plus curieux ! Il est alimenté par la fonte des neiges et par le lac Maligne, situé en amont. Mais il ne possède pas de déversoir : les eaux s’infiltrent ensuite dans la roche calcaire et ressortent des dizaines de kilomètres en aval. Aussi, en hiver, lorsque l’arrivée d’eau est la plus faible, le niveau du lac baisse progressivement jusqu’à atteindre les fonds vaseux, puis il se remplit de nouveau au début de l’été.

En rentrant, nous passons chez le soudeur récupérer la pièce de la remorque et la pièce du porte-bagage avant, parfaitement réparées. Le tout en échange d’un café et de deux donnuts. Voilà une bonne chose de faite et un souci en moins !

Vendredi 5 Août :

Avant de partir pour la Colombie-Britanique et le Parc du Mont Robson, nous passons une dernière journée à Jasper.
Nous en profitons pour remonter la remorque, le porte-bagage avant et faire un peu de bricolage.
Nous nous rendons ensuite en ville où nous trouvons enfin internet, et faisons quelques provisions pour les jours à venir ! On ne se laisse pas mourir de faim, bien au contraire !

Opération "Sponsorisez nos kilomètres"

Le principe est simple, nous mettons en vente les kilomètres que nous allons parcourir, soit 20 000km. Chaque kilomètre coûte un euro. Vous pouvez ainsi choisir le nombre de kilomètres que vous souhaitez parrainer. Nous remercions toutes les personnes qui nous aident à réaliser notre rêve.